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Les Carnets de Philippe Truong
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Les Carnets de Philippe Truong
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31 juillet 2007

Petit résumé sur la céramique au Vietnam

1La céramique vietnamienne la plus ancienne trouvée au Japon date de la fin du 14e siècle. C'est un bol découvert dans le fossé entourant un château de Sakai, aujourd'hui petite cité mais port commercial très actif aux 15e et 16e siècles. Les fouilles faites à Sakai ont aussi mis au jour des bols, des assiettes vietnamiens émaillés blanc ou bleu, en même temps que des jarres de terre cuite fabriquées au 16e siècle au Centre du Vietnam, destinées sans doute à contenir les provisions de voyage.
Un séminaire international tenu à Hanoi en décembre 1999 a montré que le commerce de céramique entre le Vietnam et le Japon avait connu une belle époque du 15e au 17e siècle.

Les documents japonais font savoir que quelques royaumes de l'archipel Okinawa avaient établi des relations officielles avec le Dai Viêt (nom de l'ancien Vietnam) au début du 16e siècle. En 1509, une mission du roi Ryukyu avait offert à son homologue vietnamien 10.000 kg de soufre et d'autres présents. Les fouilles faites dans l'enceinte du palais royal d'Okinawa ont révélé de nombreuses pièces de céramique vietnamiennes. Cette dernière était aussi présente à Nagasaki et Osaka. Les Japonais avaient même imité la céramique vietnamienne (céramique appelée Koji = Giao chi). Naturellement, la porcelaine chinoise était reine sur le marché japonais et sud-est asiatique. Mais la céramique vietnamienne, par sa simplicité et son aspect un peu brut, répondait mieux à l'idéal d'humidité japonais. Sans doute les bols vietnamiens évasés pris à 2 mains convenaient mieux que les tasses chinoises plus fines et plus petites.

La céramique vietnamienne remonte à 4.000 ans avant J.-C. avec les premières cultures de l'âge du bronze (Phung Nguyên, Dô Dâu, Go Mun). Avec celle de Dông Son (1er millénaire avant J.-C.) qui marque l'apogée de la civilisation préhistorique du fleuve Rouge, elle a connu la poterie au tour et au four.

La culture de Sa Huynh (Centre vietnamien, âge du bronze), précurseur de la culture du Champa a laissé une brillante céramique avec des jarres funéraires (contenant des écuelles, des vases, des marmites...) qui font partie aussi des cultures du Laos, de la Thaïlande, des Philippines et de l'Indonésie. Dans le delta du Mékong au Sud du pays, la culture d'Oc Eo (du début de notre ère au 7e siècle) caractérisant l'État Founan a produit une céramique jaune clair, gris noir ou blanc moisissure.

La porcelaine chinoise a fait son entrée au premier siècle. La porcelaine vietnamienne devait se développer beaucoup plus tard, au service de la cour royale et des couches aisées tandis que la céramique à usage domestique a prospéré jusqu'à la première moitié du 20e siècle avant d'être concurrencée par les objets en plastique. Les articles de cette poterie populaire (grès, faïence) de Bat Tràng et de Thanh Hoa sont exécutés d'une seule pièce sans affaissements ou déformations alors que les produits chinois étaient composés de 3 pièces raccordées. La céramique traditionnelle fabrique des bols (en particulier les bols resserrés au milieu, appelés chiêt yêu), les récipients de différentes espèces : petite jarre (cong) pour contenir les aubergines salées, l'eau de lavage de riz et autres déchets culinaires, jarre cylindrique (chinh) pour sauce de soja et autres sauces, grosse jarre cylindrique (vai) pour aubergines salées, grande jarre ventrue (chum) pour eau, riz, paddy etc. et même petits cercueils (pour les ossement exhumés en vue d'un enterrement définitif).

Les spécialistes des cultures du Sud-Est asiatique dont fait partie le Vietnam ont relevé un trait commun de leurs céramiques : l'influence durable de la civilisation du végétal qui utilise en général des outils en bois et en bambou et non métal. De là, les récipients en bambou tressé ont inspiré la forme et les motifs décoratifs de la céramique (corde, fibres tressées ou tordues...), influencent très nette jusqu'à l'âge du bronze.

Les Vietnamiens ont découvert l'émail il y a 2 mille ans, un émail ivoire et non brun clair comme l'ancienne poterie chinoise. L'indépendance reconquise (en 938) après 10 siècles de domination chinoise a permis à notre céramique d'affirmer son identité : formes et émaux plus variés, fréquence du motif bouddhique du lotus, apparition du céladon. Au 15e siècle, sont nés des articles à motifs bleus recouverts d'émail blanc. Pendant les 2 siècles suivants, la céramique vietnamienne a été exportée.

Pendant longtemps, les fours régionaux produisaient pour le peuple et la cour. C'est au 19e siècle que le roi Gia Long créa à Long Tho des fours pour fabriquer des briques spéciales employées dans la construction du Palais royal. Les rois continuent à commander des porcelaines à décorations florales bleues en Chine. La porcelaine vietnamienne adopte 4 sortes de motifs décoratifs : paysages, personnages, fleurs et oiseaux, herbes et insectes.

Les centres de céramique les plus importants du Vietnam sont : Bat Tràng (banlieue de Hanoi), Vân Dinh (Hà Tây), Hàm Rông (Thanh Hoa), Phuoc Tich (Thua Thiên Huê), Biên Hoà (Sud). (Huu Ngoc/CVN)

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