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Les Carnets de Philippe Truong
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Les Carnets de Philippe Truong
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23 novembre 2010

UNE PEINTURE DU ROI HAM NGHI.

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Une huile sur toile de l’empereur Ham Nghi (1870-1943), « Déclin du jour » sera mis en vente demain à l’Hôtel Drouot par l’étude Million & associés (lot n°41, estimation 800/1200 euro). De dimension 35 x 46 cm, signé et daté en bas à gauche 1915, cette peinture médiocrement peinte représente « le déclin du jour derrière le Palais de l’Annam » comme le mentionne l’étiquette collée au dos.

Le « Palais de l’Annam » indiqué se nommait en réalité Résidence Gia Long, située sur la colline El Biar, non loin d’Alger. C’est dans cette demeure que le jeune souverain en exil, sous le titre de Prince d’Annam, menait une vie simple et austère depuis le 13 janvier 1889. Il avait alors 17 ans.

Le capitaine de Vialar, chargé de sa surveillance, découvrit un jour les dessins du prince et demanda à Marius Reynaud de venir deux fois par semaine lui donner des leçons. Né à Marseille en 1860, élève de Magaud à l’Ecole des Beaux Arts, Marius Reynaud (1860-1935) participa sous la direction d’Edouard Detaille à la réalisation du panorama du Siège de Belfort. Récompensé en 1879 à l’Exposition de Marseille, il se rendit en Algérie en 1881 pour son service militaire et s’y installa. Ses vues du port d’Alger et des environs firent sa renommée. Il décora le pavillon du Dey et la Chambre de commerce d’Alger. A partir de 1887, il exposa au Salon des Artistes Français et devint sociétaire.

Le jeune prince se passionna pour cet art. Il peignit, dans le style orientaliste enseigné par Marius Reynaud, son jardin, les portes romaines à Timgad, les crépuscules au bord de la mer, les ruines de Constantine, les forêts de lataniers d’El-Kantari, le dôme blanc du tombeau de Marabi, les enfants africains, etc.

Malgré les propositions d'exposition, le prince déclina poliment toutes ses offres. L’écrivain russe, T.L. Sepkina-Kupernhic rapporta une rencontre à la villa Gia Long :

- Ce serait de votre part, Altesse, une faute de ne pas exposer vos peintures à Paris, disait une très belle jeune Française présente à notre rencontre. 

Le prince blêmit, tout en se montrant poli et chevaleresque, il répondit d’une façon définitive :

- Au contraire, pour moi ce serait une faute que de les exposer ! ». 

Ses peintures, ses sculptures, sa musique n'étaient que des distractions privées, son jardin secret que le souverain déchu ne partageait qu'avec ses amis et ses proches. Il n'oubliait pas malgré son exil qu'il resta pour son peuple un souverain et qu'il avait des devoirs envers son pays.

Il ne céda qu'en novembre 1911, par amitié pour Suzanne Meyer-Zundel, d'exposer ses œuvres à la Galerie Mantelet, rue de La Béotie.

Fidèles aux souhaits de leur père, de leur vivante, ses deux filles, les princesses Nhu Mai et Nhu Ly déclinèrent systématiquement toute présentation des peintures de leur père.

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