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Les Carnets de Philippe Truong
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Les Carnets de Philippe Truong
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4 décembre 2010

MAURICE MENARDEAU AU VIETNAM

1

Maurice Ménardeau (Limoges, 1897 – Ile Maurice, 1977)

Sortie d’un temple vietnamien,

Gouache sur papier, 52 x 73 cm.

Une gouache et encre sur papier, « Sortie d’un temple vietnamien » (52 x 73 cm, estimation : 600/800 €) sera mis en vente à Cannes le 18 décembre prochain par l’étude SCP Appay & Debussy et SARL Cannes Enchères. La gouache montre une dame sortant du temple et faisant l’aumône aux pauvres.

Né à Limoges en 1897, Maurice Ménardeau se prépara pour l’Ecole des Beaux Arts de Paris quand éclata la première guerre mondiale. Il y participa comme radiotélégraphiste dans la marine. Après la guerre, il décida de revenir à la peinture et devint élève de Ligeron et de Fouqueray. Il débuta en 1925 au Salon des Artistes Français, obtint une mention en 1926, puis sociétaire. Il exposa également Salon des Indépendants entre 1930 et 1959. En 1936, il reçut le titre de Peintre du Département de la Marine.

Vers 1929, grâce aux prix obtenus, Ménardeau commença à voyager en Egypte. En 1931, il découvrit la Mer Rouge et la Somalie à bord des navires de guerre de la marine française. Puis il sillonna le monde d’Europe en Amérique, en passant par l’Afrique et l’Asie, croquant dans ses peintures, aquarelles et gouaches des paysages et des scènes exotiques. S’il trouva refuge en Argentine pendant la seconde guerre, il choisit de se fixer en Bretagne qu’il découvrit dans les années 1924-25 et surtout à Concarneau dès 1963. Mais ce fut dans l’île Maurice qu’il choisit d‘y mourir le 11 avril 1977.

Dans les années 1937, Maurice Ménardeau décida de se rendre en Indochine. Il poussa son voyage plus au nord, en Chine et au Japon.

De son voyage au Vietnam, il a laissé des aquarelles qui reflètent parfaitement la mentalité et la recherche de l’époque : reproduire des scènes pittoresques, exotiques, et s'amuser des aspects saillants de la différence, en accumulant des codes emblématiques. L’artiste comme le photographe doivent rechercher les paysages qui définissent le pays, les monuments qui le caractérisent, les scènes de la vie quotidienne qui le résument, donnant naissance à des clichés « carte postale » qui ne sont pas dénués de charme et qui renvoient à un monde pittoresque.

2

Maurice Ménardeau (Limoges, 1897 – Ile Maurice, 1977)

Porte du temple Tu Duc (1937),

Aquarelle, 45 x 54 cm.

En dehors des pagodes, les monuments de Huê et, en particulier, les tombeaux des empereurs Nguyên, étaient très appréciés des visiteurs car il y règne « un charme singulier qui tient au paysage, au cadre naturel. Sur le vaste emplacement où se succèdent, parmi les arbres et les fleurs, les splendeurs des nécropoles impériales, il plane on ne sait quelle indicible mélancolie qui dispose la pensée à d'austères réflexions. Cependant, cette mélancolie n'a rien de funèbre ; elle est faite avant tout d'un sentiment d'art, de douceur, de nostalgie et de beauté » le faisait remarquer Albert Sarraut. « Pour dormir leur dernier sommeil, les souverains d'Annam ont, de leur vivant, fait choix d'un site où la nature a prodigué les effets de sa magie. En ajoutant, avec le goût le plus raffiné, l'effort artiste de l'homme à la majesté des choses, ils ont composé pour leur suprême asile des sortes d'Edens où, parmi les parcs ombragés de nobles futaies, parmi des étangs moirés d'azur et d'or et des lacs profonds où se meurent les lotus blancs et roses, une profusion somptueuse de pavillons et de pagodes, de stèles et de statues, de portiques et de pyramides, de terrasses et de kiosques distribue l'éclat des marbres, la richesse des bois précieux, la polychromie des faïences claires, la patine admirable des bronzes, à travers le silence et le recueillement des grands jardins harmonieux. Une paix infinie, souveraine et sacrée règne sur cette magnificence immobile » (Albert Sarraut, 1930, Indochine, Paris, Firmin-Didot).

On retrouve parfaitement dans la représentation par Ménardeau d’un des pavillons du tombeau de l’empereur Tu Duc l’atmosphère paisible et sereine, ainsi que le charme de ce lieu accentué par la présence de ce vietnamien dans son costume traditionnel.

3

Maurice Ménardeau (Limoges, 1897 – Ile Maurice, 1977)

Bateaux à l’ancre dans la baie d’Along

Huile sur toile, 54 x 65 cm 

De même que la merveilleuse baie d’Along, ce miracle naturel, est un sujet récurrent, un jalon incontournable pour un voyageur de passage surtout un peintre de la Marine. Ménardeau choisit de représenter une scène classique, des jonques et barques amarrés le soir, qui n’est pas sans rappeler la description d’Yvonne Schultz : « sur l'eau verte aussi bien tendue que la peau d'une sole, la cité du Silence dresse ses palais de calcaire, ses pagodes, se portiques, ses longs murs aveugles. Toute se hausse, minéral, sans une trace humaine ou animale, immense ville morte qui attend ses dieux. S'il y a des sampans sur mer, on ne les voit pas. Ou bien, amarrés aux rocs, ils on l'air avec leurs voiles brunes et dentelées de roussettes collées aux murailles. (…) mutisme infini : trop peu d'oiseaux ou de singes pour qu'on les entende ; nulle fracas de vagues. C'est la pétrification absolue. Et pourtant quelle activité dans cette inertie même : tous ces récifs simulent des gestes, ils s'élancent, bondissent, discutent avec passion quelque problème inconnu. Seul l'Orient pouvait créer cette extravagante merveille immobile et animée, l'Orient dont les temples sont de véritables collines de pierre fourmillantes de statues convulsées, l'Orient extrême en tout devait engendrer cette suite de métropoles colossales, désertes et jetant ces « cris silencieux » qui poignardent le cœur » (SCHULTZ Yvonne, Le sampanier de la Baie d'Along, La petite Illustration, 1930).

4

Maurice Ménardeau (Limoges, 1897 – Ile Maurice, 1977)

Marché animé en Cochinchine,

Huile sur papier, 28 x 35 cm.

L’autre cliché exotique qui charme le voyageur était les scènes de marché si animé, grouillant de personnages, des vendeuses avec leur palanche et leur chapeau conique, permettant à Ménardeau de composer une scène exotique, attrayante et belle, jouant avec les détails et cumulant les symboles.

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