La passion d'un collectionneur de monnaies anciennes

19 octobre 2007

La passion d'un collectionneur de monnaies anciennes

Nguyên Ba Dam est propriétaire de l'unique pièce en fer du monde, frappée sous le règne de Mac Dang Dung, et d'autres monnaies rarissimes des règnes de Kiên Phuc, Hàm Nghi… Il n'a pas hésité à vendre ses biens pour constituer cette collection.
Nguyên Ba Dam n'oubliera jamais l'inauguration du musée Louis Finot, aujourd'hui Musée d'histoire de Hanoi, où il put contempler une grande quantité d'anciennes monnaies. La valeur de ces pièces oxydées, alors en place d'honneur dans une vitrine, l'a réellement étonné. Occupant un poste dans l'enseignement impliquant de fréquents déplacements, il n'a jamais raté l'occasion de rechercher des monnaies antiques. Cette passion n'a pas cessé de lui faire acheter des monnaies dans les temples, pagodes ainsi qu'auprès de connaissances et, au fil du temps, il est devenu le propriétaire de dizaines de pièces de grande valeur.

En 1975, sur introduction d'un ami, M. Dam a rencontré un antiquaire vivant dans le quartier historique de Hanoi. Ce dernier lui montra sa précieuse collection à l'issue de plusieurs visites familiales. Convaincu de sa passion, il lui proposa de lui céder son trésor, mais à un prix inabordable qui… n'effraya pas M. Dam. Il vendit en effet les biens les plus précieux de sa famille pour réunir les près de 100.000 dôngs pour acquérir cette collection, une somme qui, à cette époque, était extrêmement importante, une villa ne valant que quelques milliers de dôngs… "La fortune m'a abandonné peu à peu pour assouvir ma passion. Parfois, je dois économiser pendant des années pour acquérir une sapèque indochinoise," précise-t-il.

Aujourd'hui, il détient un grand nombre de monnaies dont l'énumération serait fort fastidieuse tant il y en a. Il n'en a cependant pas moins cessé de rechercher les pièces qui manquent à sa collection afin de la compléter par tous les moyens. Les anciennes pièces exercent réellement sur lui une mystérieuse et irrépressible attraction. Il y pense en travaillant, mangeant, même pendant ses moments de repos. Elles le hantent dans ses rêves nocturnes. La plus ancienne pièce de sa collection remonte à la dynastie Dinh, en 980 apr. J.-C., laquelle porte les inscriptions "Thai Binh Thông Bao" à l'avers et "Dinh" au revers.

Une chance dispendieuse
Lors d'une visite du Musée d'histoire de Hanoi, contemplant de vieux sous exposés dans une vitrine, M. Dam entendit s'exclamer un soldat, à ses côtés, "C'est moins vieux que ma pièce". Attiré par cette remarque, il le suivit jusqu'à sa caserne. Peu de temps après, ce soldat lui offrit une monnaie rarissime de la dynastie des Lê.

Une fois, un homme lui proposa d'échanger une pièce contre un édit royal du roi Quang Trung, ce que malheureusement il refusa en méconnaissance de la valeur d'un tel document. Plus tard, cette pièce fut vendue pour des milliers de dollars. Une autre fois, il a cherché en vain une sapèque à l'effigie d'une urne, interdite et retirée de la circulation sous la domination française. Rentré bredouille de 2 missions dans la ville de Hai Phong (Nord), il l'a trouva enfin chez un ami lui aussi numismate.

Selon M. Dam, la valeur d'une pièce ne dépend pas directement de son ancienneté mais aussi de sa rareté. Par exemple, les pièces "Phuc Kiên Thông Bao" et "Hàm Nghi Thông Bao" sont particulièrement précieuses, car extrêmement rares du fait de la brièveté des règnes de Phuc Kiên et Hàm Nghi : très peu de monnaies frappées pendant ces périodes sont parvenues à notre époque. En revanche, il existe une grande quantité de pièces de Minh Mang et Thiêu Tri. La plus originale est celle en fer de "Dai Chinh Thông Bao", frappée sous le règne de Mac Dang Dung. Actuellement, il s'agit de l'unique spécimen connu dans le monde entier.

D'après lui, le numismate doit être également un chercheur. Les anciennes monnaies sont très importantes, en termes de valeur non seulement économique, mais aussi et surtout historique, politique et technique. Ainsi, le collectionneur doit posséder, outre une profonde passion, de vastes connaissances, particulièrement en histoire, qui, seules, lui permettent de comparer, de classer et de reconnaître la valeur comme la beauté de ces anciennes pièces.

Numismate enthousiaste, Nguyên Ba Dam se soucie déjà du sort de son trésor une fois qu'il aura quitté ce monde. Il y a peu, il ne savait pas encore à qui il la confierait, ses enfants, qui n'ont pas sa passion, pouvant la vendre tôt ou tard. Il a en particulier peur qu'elle ne tombe entre les mains de vendeurs sans scrupules ou qu'elle soit dispersée. Jusqu'à présent, il a toujours catégoriquement refusé les propositions d'achat de certaines pièces faites par plusieurs collectionneurs nationaux comme étrangers. Mais enfin, en 2006, il a trouvé à qui la céder, un jeune numismate qui lui est intime et qui, selon lui, possède toutes les conditions requises pour assurer sa postérité. (Huu Chiên/CVN)

Posté par Alain Truong à 09:48 - Commentaires […] - Permalien [#]